Aborder une personne en situation de handicap peut provoquer un malaise chez ceux qui n’ont pas l’habitude. Par peur de mal faire ou de paraître maladroit, certaines personnes préfèrent éviter le contact et s’adresser à l’accompagnateur au lieu d’interagir avec la personne elle-même.
Dans cet article, l’APHK souhaite vous partager quelques conseils pour interagir avec des personnes handicapées dans la bienveillance, sans maladresse et sans préjugés.
Ne faites pas d’hypothèses ni de jugements hâtifs : chaque personne est unique
Face à une personne handicapée, certaines réactions peuvent être guidées par des idées préconçues ou des jugements rapides. On imagine, par exemple, qu’elle ne peut pas parler pour elle-même, qu’elle a forcément besoin d’aide, ou que son handicap limite ses capacités. Ces hypothèses, souvent inconscientes, deviennent des obstacles qui empêchent de voir la personne pour ses qualités et sa personnalité.
Chaque personne est différente. Il faudrait prendre le temps de comprendre ce que chacun a d’unique. Le handicap peut être physique, sensoriel, intellectuel, ou même invisible. Le handicap ne détermine pas qui est cette personne, ce qu’elle aime, ni ce dont elle a besoin.
Adressez-vous directement à la personne concernée, pas à son accompagnateur
Lorsqu’une personne handicapée est accompagnée, que ce soit par un proche, un intervenant ou un aidant, il peut être tentant — souvent par gêne ou maladresse — de s’adresser uniquement à l’accompagnateur. C’est une erreur fréquente qui revient à ignorer la personne concernée, comme si elle n’était pas pleinement capable de répondre ou de participer à l’échange verbal.
Pourquoi un accompagnateur ?
Ce soutien peut exister pour des raisons variées : assistance à la mobilité, accompagnement pour les déplacements, aide à la communication ou simplement pour des raisons pratiques. Mais cela ne signifie pas que la personne n’est pas en mesure de comprendre, de s’exprimer ou de faire ses propres choix.
Ce qu’il faut faire : regardez la personne handicapée dans les yeux, parlez-lui directement, même si elle a besoin d’un peu plus de temps pour répondre ou si elle utilise un mode de communication différent. Si une aide à la communication est nécessaire, son accompagnateur pourra intervenir à sa demande, sans jamais prendre sa place.
Ce qu’il faut éviter : s’adresser uniquement à l’accompagnateur en posant des questions comme : « Qu’est-ce qu’il/elle veut ? », « Est-ce qu’il/elle comprend ? »
Parler directement à la personne, c’est reconnaître sa valeur, sa capacité à participer, à décider, à s’exprimer et c’est un geste essentiel dans une société inclusive et favorisant l’autonomie.
Demander avant d’aider : une marque de respect et de confiance
Certaines personnes, naturellement empathiques ou dotées d’un grand entregent, ont le réflexe de vouloir aider dès qu’elles perçoivent une difficulté. Leur intention est bonne. Elles veulent bien faire, se rendre utiles, alléger un fardeau perçu. Mais cette spontanéité peut parfois devenir envahissante ou même blessante pour la personne handicapée.
Ce genre d’aide non sollicitée peut donner le sentiment qu’on doute de ses capacités, ou pire, qu’on ne la voit pas comme une personne autonome. Pourtant, ces personnes sont souvent capables de faire bien plus par elles-mêmes qu’on peut l’imaginer. Elles développent des stratégies, des réflexes, une organisation qui leur permettent de vivre, de travailler, de se déplacer et de participer activement à la vie en société.
Avant d’aider, prenez le temps de demander simplement si la personne a vraiment besoin d’aide. Laissez-lui la chance de préciser son besoin réel. « Comment puis-je vous aider ? » ou « Avez-vous besoin d’un coup de main ? » Offrir votre aide sans l’imposer montre que vous respectez son autonomie et que vous êtes prêt à aider si elle le souhaite.
Vous devez éviter d’agir sans prévenir, même si cela vous semble anodin (pousser un fauteuil roulant sans demander, attraper un bras pour traverser la rue, attacher son manteau, manipuler une aide technique, etc.). Ce type d’intervention peut être vécu comme une intrusion dans l’espace personnel, voire comme une forme de contrôle.
Vouloir aider, c’est bien. Aider avec respect et consentement, c’est mieux.
Utilisez un langage respectueux et inclusif
Parler de façon inclusive, c’est avant tout reconnaître l’autre dans sa dignité, sans le réduire à une caractéristique comme son handicap. L’inclusion ne signifie pas « faire un effort pour tolérer quelqu’un de différent », mais plutôt créer un espace où chacun a sa place naturellement, sans être stigmatisé ni mis à l’écart.
Le langage inclusif joue un rôle central dans cette démarche. Il ne s’agit pas d’être politiquement correct, mais de choisir des mots qui reflètent le respect, l’égalité et la diversité des réalités humaines. Cela passe par des expressions qui mettent la personne avant sa condition, et qui évitent les termes péjoratifs, dépassés ou infantilisants. La formulation doit démontrer que le handicap n’est pas une identité, mais une simple réalité contextuelle.
Quand on désignait autrefois une personne comme « l’infirme » ou avec l’utilisation d’un autre adjectif péjoratif, on mettait inconsciemment l’accent sur sa limitation.
Aujourd’hui, on utilise des formules comme :
- « une personne en situation de handicap ou une personne handicapée »
- « une personne sourde » ou « une personne malentendante »
- « une personne non voyante ou malvoyante »
- « une personne vivant avec une déficience intellectuelle »
Adopter un langage inclusif, c’est aussi être attentif aux tournures de phrases qui pourraient sembler anodines, mais qui renforcent les stéréotypes. Cela contribue à créer un climat plus respectueux, plus égalitaire et plus accueillant pour tous. Les mots ont un impact.
Soyez à l’écoute, sans pitié ni condescendance, et intégrez la personne dans la conversation et dans les activités
En société, il arrive qu’une personne handicapée soit physiquement présente, mais exclue des interactions sociales ou des activités.
Les personnes handicapées veulent être reconnues comme des individus à part entière, avec leurs forces, leurs limites, leurs passions, leurs opinions et leurs envies. Elles ne sont pas définies uniquement par leur handicap. Comme tout le monde, elles ont des centres d’intérêt, des loisirs, des carrières, des relations.
Parlez-leur comme à n’importe qui d’autre. Soyez naturel. Comme avec toute autre personne, adaptez-vous à sa personnalité, à son humour, ainsi qu’à l’âge des personnes sans infantiliser.
S’intéresser à ce qu’elles aiment, ce qu’elles font, ce qui les fait vibrer. Elles peuvent être fans de musique, passionnées de jeux vidéo, expertes en jardinage, sportives, cinéphiles ou engagées dans une cause sociale. Intégrer ces sujets dans la conversation est un excellent moyen de créer un lien loin des clichés réducteurs. Écouter sincèrement et faire preuve d’intérêt naturel valorisent les personnes handicapées. La clé est de s’adapter à la personne, pas à son handicap.
En résumé, l’inclusion commence par de petits gestes
Inclure une personne handicapée dans son quotidien ne demande ni diplôme ni expertise, mais une dose d’empathie, de bon sens et de respect. En adoptant les bons réflexes, on contribue à briser les barrières invisibles.